3OJOURS dans l'église et dans le monde

Pologne
Finalement, le Concordat avec le Saint-Siège

     Le 25 mars, a eu lieu au Vatican l'échange des instruments de ratification du Concordat entre le Saint-Siège et la République polonaise. Il a fallu cinq ans pour arriver à faire ce dernier pas. En effet, ce Concordat avait été signé en juillet 1993. Par mesure exceptionnelle, la ratification a été opérée du côté du Vatican par le Pape Jean Paul II en personne.
     L'Accord entre le Saint-Siège et la République de Hongrie s'est conclu, quant a lui, plus rapidement. Il a été signé en juin de l'année dernière et l'échange des instruments de ratification a eu lieu à Budapest, au début d'avril.

Jérusalem
Première visite du Patriarche latin au siège des rabbins

     Le 23 mars dernier, le patriarche latin de Jérusalem Monseigneur Michel Sabbah s'est rendu pour la première fois au siège du rabbinat de la ville sainte où il a rencontré les deux rabbins en chef, Meir Israël Lau (ashkénaze) et Eliahu Bakshi-Doron (séfarade).

Mexique
La troisième rencontre internationale des prêtres

     "Nous convertir pour convertir": tel est le titre de la troisième rencontre internationale des prêtres organisée pour les prêtres catholiques du monde entier qui se tiendra au Mexique du 7 au 12 juillet 1998. Les deux précédentes assises ont eu lieu en 1996 à Fatima et en 1997 en Côte d'Ivoire.

Russie
Le nombre des évêques catholiques a doublé

     Le 23 mars, le Vatican a rendu publique la nomination d'un évêque auxiliaire pour chacune des deux circonscriptions ecclésiastiques catholiques russes: les administrations apostoliques de la Russie européenne et de la Sibérie. Le Pape a placé, à Moscou, aux côtés de l'archevêque Tadeusz Kondrusiewicz, le prêtre allemand Klemens Pickel, âgé de trente-six ans à peine. À Novosibirsk, il appartiendra à un prêtre polonais de la Société du Verbe divin, Jerzy Mazur, d'aider dans sa mission pastorale le jésuite Joseph Werth. Cette nomination a été annoncée le jour précis où Eltsine a révoqué le gouvernement guidé par Chernomyrdin (une pure coïncidence, assure-t-on au Vatican).
     Cette fois, les autorités de l'Église orthodoxe ont été avisées à l'avance des nouvelles nominations qui n'ont suscité jusqu'à présent aucune réaction. Les choses ne s'étaient pas passées ainsi il y a sept ans. Kondrusiewicz et Werth avaient, en effet, été nommés sans préavis, et le patriarcat, irrité, avait protesté vivement.

Afrique du Sud
Clinton fait sa "première communion"

     La première communion des Clinton. C'est par ce titre ironique que l'Our Sunday Visitor a annoncé la nouvelle que Bill Clinton et sa femme, lui baptiste, elle méthodiste, ont illégitimement communié au cours d'une liturgie catholique. Le "sacrilège" (comme le quotidien romain Il Messaggero a appelé cette communion) a été commis le dimanche 29 mars dans l'église Regina Mundi à Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, durant le tour africain des occupants de la Maison Blanche. Aussitôt après que les mass media ont eu diffusé la photo de Clinton recevant l'hostie consacrée des mains d'un prêtre catholique, le nonce Manuel Monteiro de Castro, à Pretoria depuis quelques mois seulement, a été submergé de demandes de clarification de la part de différents dicastères vaticans. Les cardinaux américains John Joseph O'Connor de New York et Anthony Bevilacqua de Philadelphie se sont élevés contre la première communion de l'illustre couple. Le prêtre qui a donné la "première communion" aux Clinton, le père Moholomi Magubane, s'est justifié en se retranchant derrière les dernières directives sur l'œcuménisme émanées de la Conférence épiscopale d'Afrique du Sud, laquelle a, au contraire, nié toute responsabilité. "Puisqu'il s'agit d'une personne non catholique, elle ne peut être admise à la communion eucharistique. C'est une règle canonique... et aucune Conférence épiscopale ne peut donc établir de règle différente", a déclaré au Catholic News Service, l'agence de l'épiscopat des USA, l'archevêque Geraldo Majella Agnelo, secrétaire de la Congrégation vaticane pour le Culte divin.

Vietnam
Le gouvernement: la religion peut nous donner un coup de main

     Le 19 mars dernier, le premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung, au cours de la conférence de la Commission gouvernementale des Affaires religieuses, a déclaré que "la religion aide à réduire les problèmes sociaux nés au lendemain de l'ouverture du pays à l'économie de marché". "Karl Marx", a ajouté le premier ministre, "a défini la religion comme l'opium du peuple, mais avec l'usage de la drogue, avec la prostitution et les autres plaies qui ont frappé le Vietnam, nous pouvons dire aujourd'hui que la religion peut nous donner un coup de main pour sortir de cette situation".

USA-Chine
Accord entre l'Université de Pékin et des universités de jésuites aux États-Unis

     Un accord entre l'Université de Pékin et la Fordham University de New York, gérée par la Compagnie de Jésus comme les vingt-trois autres universités américaines réunies en consortium, a été signé le 13 mars dernier. Le contrat, qui pour la Chine populaire représente une nouveauté absolue, marque le lancement du premier programme non chinois reconnu officiellement: le Programme international de Pékin sur la gestion d'entreprise (Beijing International Management Programs, Bimp). Parmi les vingt-quatre universités dirigées par des jésuites qui sont impliquées dans ce programme, figurent l'Université Georgetown de Washington, le Boston College, les Universités Marquette de Milwaukee, Loyola de Los Angeles, Baltimore et La Nouvelle Orléans, les universités de San Francisco et de Seattle.

Espagne
Une grande statue de Jean Paul II à Madrid

     Une statue de trois mètres de haut représentant Jean Paul II "jeune, les mains ouvertes, vigoureux pendant qu'il prêche", sera élevée devant la cathédrale de l'Almudena à Madrid. C'est le nouveau cardinal Antonio María Rouco Varela qui en a fait l'annonce à la presse, le 31 mars dernier. Le monument (la statue entourée de quatre fontaines) a été projeté par le sculpteur Juan de Ayala et coûtera 15 millions de pesetas, soit environ 600 000 Francs.

Saint-Siège
Le nouvel ambassadeur de Panama est journaliste

     Le nouvel ambassadeur de Panama près le Saint-Siège est journaliste et plus précisément journaliste politique. Il s'appelle Antonio Velásquez Fernández, il a 69 ans et six enfants et il lui est déjà arrivé d'assumer la charge d'ambassadeur en mission spéciale.

Clergé
L'Église confirme son refus du diaconat féminin

     Dans les cent quarante pages de deux publications conjointes, la Congrégation pour l'Éducation catholique et celle pour le Clergé ont confirmé que la condition de femme est incompatible avec le diaconat et le sacerdoce. La présentation des Règles fondamentales pour la formation des diacres permanents et du Directoire pour le ministère et la vie des diacres permanents, qui a eu lieu le 10 mars dernier, a été l'occasion pour les préfets et les secrétaires des deux Congrégations, les cardinaux Pio Laghi et Darío Castrillón Hoyos, les archevêques José Saraiva Martins et Csaba Ternyák, d'expliquer que les diaconesses dont parle le Nouveau Testament "ne le sont pas dans le sens où nous entendons le mot diacre".

Démentis
Ratzinger n'abandonne pas sa charge

     Le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a démenti les bruits qui ont couru au début de février, selon lesquels il serait sur le point d'abandonner sa charge. Le 23 mars dernier, durant la présentation de la version allemande son livre de souvenirs Aus meinem Leben: Erinnerungen (1927-1977) au monastère d'Andechs, dans sa Bavière natale, il a confirmé qu'il entendait la conserver.

Néo-catéchuménaux
Les règles auxquelles doivent obéir les messes du Chemin

     Dans le dernier fascicule de Notitiae (n° 375-377, p. 519), la publication de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, sont reprises les règles que les néo-catéchuménaux doivent suivre dans la célébration de l'eucharistie. Il s'agit d'un verdict apportant une réponse à des "interrogations [venant] de différentes régions". On rappelle dans le texte que les indications déjà fournies en 1988 restent valides. La Congrégation accepte que les groupes néo-catéchuménaux "puissent recevoir la communion sous les deux espèces, toujours avec du pain azyme, et déplacer "ad experimentum", le rite de la paix après la prière universelle". "L'Ordinaire du lieu", rappelle ensuite le dicastère vatican qui s'occupe de liturgie, "devra être informé habituellement, ou "ad casum", de l'endroit et du moment où de telles cérémonies auront lieu; celles-ci ne pourront se dérouler sans son autorisation".
     Par rapport aux indications de 1988, la Congrégation présidée par le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estévez ajoute un paragraphe final qui apporte des restrictions supplémentaires: "En outre, dans les cérémonies liturgiques du mouvement néo-catéchuménal "que l'on suive fidèlement les livres liturgiques approuvés par les autorités compétentes; aussi que personne n'ajoute, ne retire ou ne change quoique ce soit de sa propre initiative" (Code de droit canon, can. 846, § 1). Quant aux livres liturgiques, que l'on suive soigneusement aussi tout ce qui est prescrit par les rubriques".

Sant'Egidio
La Communauté cible de la presse

     Le Vendredi 3 avril, une mauvaise surprise attendait la Communauté de Sant'Egidio dans les kiosques à journaux. Le numéro de l'Espresso [hebdomadaire italien] sorti ce jour-là contenait un article au vitriol consacré au mouvement ecclésial fondé par le professeur Andrea Riccardi. Un dossier de sept pages, bien en évidence, annoncé en grosses lettres en couverture, signé par Sandro Magister, spécialiste des affaires vaticanes. Sant'Egidio est généralement bien vu de la presse (au point que, le même jour, l'autre newsmagazine italien, Panorama, publiait un article élogieux sur le rôle positif joué par la Communauté dans la récente crise du Kosovo). Quoiqu'il en soit, ce n'est pas la première fois que le Communauté est attaquée dans les mass media. Elle l'avait déjà été au milieu d'août, l'année dernière, quand Il Messaggero avait publié un long article sur des manœuvres présumées de Riccardi & C. contre le cardinal Angelo Sodano (mais dans ce cas, quelques jours plus tard le quotidien romain avait publié un ferme démenti du porte-parole de Sant'Egidio Mario Marazziti). Mais cette fois, l'attaque est plutôt virulente et l'article va jusqu'à s'en prendre à la morale personnelle des dirigeants de la Communauté (accusations qui se trouvent rassemblées dans un encadré au titre éloquent: Étranges couples de Transtévère. Mariages arrangés, divorces, natalité nulle, contraception et autres hérésies).
     Il ne semble pourtant pas que le coup porté par l'Espresso ait entamé l'estime dont la Communauté de Sant'Egidio jouit auprès de certains milieux ecclésiastiques et politiques. L'Osservatore Romano publie, en effet, dans son numéro du 6-7 avril, l'annonce d'une rencontre de prière organisée par Sant'Egidio. Cette rencontre sera présidée par le cardinal Achille Silvestrini, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, depuis toujours proche de la Communauté. Le 15 avril, l'ambassadeur italien à Alger a été remplacé; décision politique, commentent les mass media: le diplomate était hostile à la ligne de dialogue avec les intégristes islamiques suivie par Sant'Egidio. Le 18 avril, Riccardi est appelé par la direction du Ppi (Parti populaire italien) à lire une relation historique de sa composition, à l'occasion de la manifestation officielle du parti pour commémorer les 50 ans de la victoire mémorable de la DC d'Alcide De Gasperi. Le jour précédent, Monseigneur Vincenzo Paglia, assistant ecclésiastique de Sant'Egidio, reçoit la visite du vice-secrétaire d'État américain Strobe Talbott. Cette visite vient confirmer le feeling qui ne fait plus de doute entre la Communauté et la diplomatie de Washington (en mars en effet, le secrétaire d'État américain lui-même, Madame Madeleine Albright, avait rendu une visite inusuelle au quartier général de Sant'Egidio au Transtévère; et en janvier, le rapport provisoire du Comité consultatif sur la liberté religieuse à l'extérieur du Département d'État avait explicitement indiqué la Communauté de Sant'Egidio comme exemple de mouvement religieux impliqué dans les processus de paix).

Attaques
Avvenire contre un professeur de l'Université Grégorienne

     Il n'arrive pas tous les jours que le quotidien de la Conférence épiscopale italienne, Avvenire, accueille dans ses pages une attaque sévère contre un ouvrage publié par un professeur (même s'il est émérite) de l'Université Pontificale Grégorienne. C'est pourtant ce qui est arrivé le 14 avril dernier, quand a paru dans le quotidien un long article polémique du théologien Inos Biffi. Objectif: démonter les "thèses discutables" exposées dans le volume Verso una teologia cristiana del pluralismo religioso (éd. Queriniana), œuvre du jésuite Jacques Dupuis, enseignant émérite de Théologie dogmatique à la Grégorienne, et jusqu'en 1996, consulteur du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux.

Curie romaine
Nouvelles nominations.
Toujours le samedi

     C'est devenu une sorte de tradition. Les nominations dans la Curie romaine sont annoncées le samedi (cf. 30Jours, mars 1998, p. 32). La promotion de Marcello Zago, supérieur général des Missionnaires oblats de Marie Immaculée, à la fonction de secrétaire de la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples a été rendue publique, justement, le samedi 28 mars. Le même jour Mgr Karel Kasteel, hollandais, de sous-secrétaire est devenu secrétaire du Conseil pontifical "Cor Unum". Le 4 avril, ensuite, toujours un samedi, est arrivée la nomination de l'archevêque Carlo Maria Viganò qui devient délégué pour les représentations pontificales auprès de la Secrétairerie d'État.
     Zago qui succède à l'archevêque croate Giuseppe Uhac, disparu le jour même où Jean Paul II devait annoncer sa promotion au cardinalat, est né à Villorba (Trévise) et aura 66 ans en août. Entré dans la Congrégation des Missionnaires oblats de Marie Immaculée en 1955, il est ordonné prêtre quatre ans plus tard. Missionnaire en Asie, il devient expert dans le dialogue avec les autres religions, au point que de 1983 à 1989 il est appelé au Vatican comme secrétaire de ce qui était alors le Secrétariat pour les non chrétiens (aujourd'hui Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux). C'est l'un des plus grands artisans de la rencontre interreligieuse d'Assise qui a eu lieu en octobre 1986. Il est élu, cette même année, supérieur général des Missionnaires oblats de Marie Immaculée, charge qu'il a conservée jusqu'à aujourd'hui. Il a, dans cette fonction, accompli une œuvre de médiation entre la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et son confrère du Sri-Lanka Tissa Balasuriya, excommunié l'année dernière et réhabilité en janvier. En l'espace de peu de mois, les Missionnaires oblats de Marie Immaculée (cinq mille membres répartis sur 68 pays) se sont vus gratifier d'une pourpre cardinalice (accordée en février à l'archevêque de Chicago Francis Eugene George) et d'une nomination importante à la Curie romaine.
     L'archevêque Viganò, appelé à la Secrétairerie d'État pour y jouer le rôle clef d'"inspecteur" de toutes le nonciatures éparses dans le monde, est né il y a 57 ans à Varese, et est incardiné dans le diocèse de Pavie. Entré dans le service diplomatique du Saint-Siège en 1973, il est envoyé dans les représentations pontificales d'Irak et de Grande Bretagne. En 1978, il est appelé à la Secrétairerie d'État où il reste jusqu'en 1989. Durant cette période, il assume aussi la charge de secrétaire particulier du substitut à la Secrétairerie d'État d'alors, l'actuel cardinal Eduardo Martinez Somalo. En 1989, il est envoyé à Strasbourg comme observateur auprès du Conseil de l'Europe. Archevêque et nonce au Nigeria depuis 1982, il a eu communication de sa prestigieuse nomination à la Curie romaine, peu de jours après avoir reçu le Pape durant sa visite apostolique dans le pays africain.

Diplomatie
Visite de Tauran au Yémen

     À la fin de mars, une délégation du Vatican s'est rendue pour une brève visite au Yémen. La mission guidée par le "ministre des Affaires étrangères" du Vatican, l'archevêque Jean-Louis Tauran, était composée du spécialiste des problèmes du Moyen-Orient, Mgr Luigi Gatti, du délégué apostolique pour la péninsule arabique et nonce au Liban et au Koweït, Antonio Maria Vegliò. Il s'agissait d'une visite officielle, la première d'une délégation vaticane dans ce pays arabe, l'un des rares à ne pas avoir encore établi de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. La Salle de presse du Vatican a émis un communiqué à l'occasion du départ de la délégation, mais non à son retour. Parmi les sujets abordés au cours des entretiens avec les autorités yéménites figure "la possibilité de construire un centre catholique à Sanaa, où il n'existe pas de lieux de culte chrétiens" (durant la visite qui s'est déroulée dans la capitale, la délégation n'a pu célébrer la messe que dans le salon-théâtre d'une compagnie de pétrole). On a parlé aussi de "la restitution d'une église à Aden, église qui avait été réquisitionnée en 1973 par le gouvernement de l'ex-République démocratique du Yémen".

Secrétairerie d'État
Quand Sodano cite Küng

     La citation que le cardinal Angelo Sodano a faite du théologien Hans Küng, le 24 mars dernier, au cours d'une conférence qu'il donnait dans le cadre de la mission citadine romaine, à l'occasion de la rencontre avec les journalistes, a fait un certain bruit dans les mass media ainsi qu'au Vatican. Dans son discours, Sodano a cité de nombreux auteurs de premier ordre: Tertullien, Antonio Rosmini, Yves Congar, saint Vincent de Lerins, saint Ignace de Loyola, le Catéchisme de saint Pie X, saint Grégoire le Grand. Mais le plus surprenant a été la longue citation tirée du livre Christ sein du théologien suisse-allemand auquel le Saint-Siège a retiré son mandat d'enseigner la Théologie catholique à l'Université de Tübingen. Le plus beau, c'est que Sodano a choisi une œuvre de Küng, non pour la critiquer mais parce qu'il y a trouvé "de belles pages [consacrées] au mystère du christianisme".
     Quelques jours plus tard, le 6 avril, dans le cours d'une interview à la radio allemande Südwestfunk, Küng a déclaré que certaines choses qu'il a dites dans le passé "peuvent avoir semblé dures", mais qu'elles ne sont pas injustes ou incorrectes. Le théologien "dissident" a ensuite ajouté qu'il avait saisi un "ton nouveau", signe d'une aspiration à un renouvellement de l'Église, dans le message que le président de la Conférence épiscopale allemande, Karl Lehmann et le cardinal Sodano lui avaient envoyé à l'occasion de son 70e anniversaire, le 19 mars. En réalité, le cardinal italien n'a pas envoyé à Küng de vœux pour son anniversaire, mais l'a remercié du livre que ce dernier lui avait envoyé assez longtemps déjà auparavant et qu'il avait apprécié, en partie du moins, au point de le citer dans la conférence romaine. Ce rapport épistolaire entre Sodano et Küng n'est pas une nouveauté. Peu de gens le savent, mais Küng et Sodano se connaissent depuis les années Cinquante, époque où ils fréquentaient tous les deux l'Université Pontificale Grégorienne.

Turin
Extension aux prêtres de la faculté d'absoudre de l'excommunication pour avortement provoqué

     À l'occasion de l'ostension du Saint Suaire, le cardinal de Turin Giovanni Saldarini a voulu étendre la faculté d'absoudre de l'excommunication pour avortement provoqué à tous les prêtres présents à Turin. Cette faculté est d'habitude exclusivement réservée aux ecclésiastiques autorisés ad hoc par l'évêque. Cette nouvelle a suscité un vaste débat dans les mass media sur ce qui peut apparaître comme une contradiction de la part de l'Église entre la ferme condamnation de l'avortement et la possibilité d'être "facilement" pardonné à travers une confession durant un pèlerinage. Sur le Corriere della Sera, le commentateur Francesco Merlo a lourdement ironisé sur l'initiative de l'archevêque de Turin, en parlant de "marketing de la Rédemption" Au point que L'Osservatore Romano est intervenu avec un article du théologien Gino Concetti, lequel a parlé du commentaire de Merlo comme d'un "amas d'insinuations, de mystifications et de déformations de la vérité qui n'ont aucun fondement historique, juridique ni religieux". Pour être absous du péché d'avortement et pour voir remise l'excommunication qui lui est attachée, rappelle Concetti, "le Code de droit canon prévoit une procédure qui n'a rien d'odieux puisqu'il est possible d'avoir recours au pénitencier canonique ou au prêtre autorisé et aux prêtres d'ordre et d'instituts religieux qui en ont la faculté, ou par privilège direct ou par communication". "À Rome, par exemple", ajoute ensuite le théologien franciscain, "tous les prêtres habilités à confesser ont aussi la faculté d'absoudre de l'excommunication pour avortement provoqué".

Bologne
Prix du Rotary Club au cardinal Biffi

     Le club Rotary Ouest a attribué au cardinal archevêque de Bologne Giacomo Biffi la reconnaissance "Paul Harris fellow". Durant la cérémonie du 31 mars dernier qui a consacré l'amitié entre le cardinal et le club rotarien, Biffi a parlé de saint Ambroise et de l'empereur Théodose, et a expliqué qu'à travers leurs rapports, "pour la première fois, il a été dit non à l'absolutisme d'État et [qu'] ainsi le totalitarisme du pouvoir politique a été contesté".

Cardinaux I
Do you speak english?

     "Mon accent anglais n'est pas fameux, mais je suis en train de prendre des cours", a confié le cardinal Ersilio Tonini dans une interview au Giornale du 20 avril. La langue officielle de l'Église est encore le latin et, au niveau diplomatique, c'est encore le français qui règne en maître. Mais l'anglais semble être devenu la langue de l'avenir, même dans les palais apostoliques. En vue du Jubilé, le cardinal vicaire de Rome, Camillo Ruini, ne dédaigne pas, lui non plus, de prendre des leçons de la langue de Shakespeare.

Liturgie
Le CIEL débarque à Rome

     Pour la première fois, le Centre International d'Études Liturgiques (CIEL) a organisé une manifestation à Rome. Il a, en effet, présenté le 24 mars dernier les actes du IIIe colloque international sur le thème "Sacrifice et Autel" qui s'est déroulé l'année dernière dans le diocèse de Versailles. La cérémonie a été présidée par le vieux cardinal Alfons Maria Stickler, tandis que la fonction de rapporteur a été attribuée au jeune Mgr Rudolf Michael Schmitz, membre de l'Académie pontificale de Théologie. Figuraient parmi les présents: l'évêque Luigi De Magistris, régent de la Pénitencerie apostolique; Mgr Camille Perl, actuaire de la Commission pontificale "Ecclesia Dei"; Mgr Karel Kasteel, secrétaire du Conseil pontifical "Cor Unum"; le père Ferdinand Pratzner, secrétaire du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux. "Le CIEL", explique le président Loïc Merian, "a été fondé en 1994 par un groupe de laïcs catholiques pour organiser des conférences qui, sous la direction des ecclésiastiques compétents, ont pour but d'augmenter la connaissance et la compréhension de la liturgie romaine de l'Église latine [celle d'avant 1969] dans une totale fidélité au Saint-Siège". Au cours de leur séjour romain, les responsables du CIEL ont été reçus par le cardinal Angelo Felici (président de "Ecclesia Dei)", Jorge Arturo Medina Estévez (préfet de la Congrégation pour le Culte divin), Paul Poupard (président du Conseil pontifical pour la Culture) et Lorenzo Antonetti (président de l'Apsa).

Salle de presse
Et Navarro-Valls dément Le Monde

     Il est rare que Joaquín Navarro-Valls, directeur de la Salle de presse du Vatican, demande des rectifications à propos d'articles parus sur les journaux. Et pourtant c'est ce qui est arrivé au Monde du 18 avril. Le porte-parole du Pape a contesté une affirmation publiée le 20 mars précédent dans les pages du quotidien parisien. Il s'agissait d'un article de Jean Kahn, président du Consistoire central israélite de France, qui commentait le document publié quelques jours auparavant sur la Shoah. "Encore évêque de Cracovie", écrit Kahn, "Karol Wojtyla déclare en 1972 que la Shoah était un sacrifice expiatoire des juifs pour se faire pardonner la mort de Jésus, et Auschwitz leur Golgotha". Le démenti de Navarro-Valls est ferme: "Je suis en mesure d'affirmer que S.E. Karol Wojtyla, à l'époque évêque de Cracovie, n'a jamais prononcé les mots qui lui sont gratuitement attribués par M. Kahn. Naturellement, il n'existe aucun texte duquel il serait possible de déduire une telle opinion, qui ne reflète en aucun manière la pensée du Souverain Pontife et se révèle contraire à celle-ci".

Cardinaux II
Disparition de Ribeiro et Bovone

     Avec la disparition du patriarche de Lisbonne António Ribeiro (24 mars) et du préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints Alberto Bovone (17 avril), le nombre des cardinaux est tombé à 161, dont 118 ont moins de quatre-vingts ans. Avec Ribeiro qui avait 70 ans et qui avait été créé cardinal par Paul VI en 1973, disparaît le seul portugais présent dans le Sacré Collège, tandis que les cardinaux créés par ce même Pape ne sont plus que 28, dont 15 électeurs (les 103 autres votants ont tous été nommés par Jean Paul II). Avec le départ de Bovone, le nombre des Italiens est tombé à 40, dont 21 seulement sont électeurs. Le dernier Consistoire annoncé le 18 janvier et célébré le 21 février s'est révélé particulièrement infortuné. L'un des candidats, le Croate Giuseppe Uhac, est mort quelques heures avant l'annonce de sa nomination et deux cardinaux ont disparu après le 21 février: Bovone et le Français Jean Balland.

La prochaine encyclique?
Elle aura pour titre Fides et ratio
et elle ne portera pas sur le New Age

     Les bruits annonçant la publication imminente d'un document pontifical sur le New Age ont occupé une place importante dans les media. Il s'agira, en réalité, d'une lettre encyclique sur les rapports entre la foi et la raison. Le titre en sera très probablement Fides et ratio (même si, dans un premier temps, on avait pensé à Veritatis cognoscendae studium - L'enthousiasme pour connaître la vérité). Il n'y aura pas de chapitres consacrés au New Age. Dans les premières versions, l'expression ne figurait même pas... (Un dicastère vatican est, en fait, en train d'élaborer un document spécialement consacré au New Age). Il s'agira, en effet, d'une encyclique adressée, non à tous les fidèles, mais aux "confrères évêques". Le seul autre cas de ce genre est constitué par l'encyclique Veritatis splendor de 1993. La sortie de ce qui sera la treizième encyclique de Jean Paul II (la dernière, Ut unum sint, remonte à mai 1995) est prévue pour la fin de l'été, à proximité de la reprise des cours dans les universités pontificales.
     On attend aussi le document sur le statut théologique des Conférences épiscopales. Il s'agira dans ce cas d'un motu proprio pontifical. En préparation depuis désormais treize ans (le Synode des évêques de 1985 l'avait souhaité pour les vingt ans du Concile de Vatican II), il établira les compétences doctrinales des Conférences épiscopales.
     La publication d'un autre document pontifical, probablement une lettre apostolique sur la sanctification du jour du Seigneur est, au contraire, selon les révélations du vaticaniste du Tg2 (journal télevisé de la seconde chaîne italienne) Lucio Brunelli, tout à fait imminente.

Martini: voilà pourquoi nous
devons repenser la justice

     Longue interview du cardinal Carlo Maria Martini sur la Repubblica (quotidien italien). Titre significatif: Voilà pourquoi nous devons repenser la justice. Le cardinal déclare: "Mon propos n'est pas de parler de nos prisons et encore moins de rappeler le pourcentage très élevé de crimes impunis. Mais je voudrais dire que de grand changements sont nécessaires, qu'il faut de nouvelles structures, une nouvelle formation du personnel, la participation de toute la communauté à un grand travail de bonification". Et il ajoute: "La paix ne se rétablit pas, la justice ne se reconstruit pas, on ne compense pas les victimes par des peines sadiques. Nous devrions promouvoir la réparation sociale comme alternative à l'incarcération".

Le "fil blanc" du cardinal Cé

     "Je ne saurais dire quand a pris naissance en moi ce sentiment qui m'a mené à l'ordination; je crois, dans les premières années de ma vie. Je peux dire qu'il y a un "fil blanc" qui la conduit tout entière dans cette direction". Ce sont là les paroles prononcées par cardinal Marco Cé, 73 ans, patriarche de Venise, au cours d'une interview accordée à l'hebdomadaire de son diocèse, Gente Veneta et reprise par Avvenire à l'occasion de ses cinquante ans de sacerdoce.
     Ce siècle a déjà vu trois patriarches de Venise monter sur le siège de Pierre: Giuseppe Sarto (saint Pie X) en 1903, Angelo Giuseppe Roncalli (Jean XXIII) en 1958 et Albino Luciani (Jean Paul Ier) en 1978.

Bologne:
festivités pour le 18 avril

     Le diocèse de Bologne a été le seul des diocèses à tradition cardinalice à organiser de grandes festivités pour le 18 avril, cinquantième anniversaire de la victoire d'Alcide De Gasperi en 1948. Le congrès intitulé "L'Église pour l'Italie et pour la liberté", qui s'est ouvert l'après-midi dans le chef-lieu d'Émilie-Romagne, a été organisé par la Commission diocésaine "Justice et Paix". Figuraient comme hôtes d'honneur Mario Agnes, directeur de L'Osservatore Romano, Emilio Colombo et Maria Romana De Gasperi, fille de l'homme d'État du Trentin. Le cardinal Giacomo Biffi assistait à la manifestation.